Un souffle, une respiration, un cri ; celui de la première expiration de l’être naissant exprimé par un trait nerveux, plein, que je jette sur le support, la toile, le papier. Un « souffle d’encre » sans retenue qui se laisse guider par l’instinct, par le corps, le bras, la main bien vivants pour affronter la matière qui devient amie, ennemie.

Une lutte du papier malmené, froissé, déchiré avec la couleur, les pigments, la colle, l’enduit et ma présence me conduisent au monde brut de la matière ligneuse en élaboration ou décomposition. C’est ce résultat de dé/recomposition que je vais fouiller, gratter, arracher, ce jeu qui n’obéit à aucune forme mais qui va prendre soudain un caractère formel, hâtif, fuyant.

Ma peinture devient alors affrontement entre une lumière sans source apparente et une ombre aux profondeurs dérobées et c’est dans cet antre que mes êtres prennent tout leur sens. Mes âmes de la matière se réveillent dans l’espace de la toile pour ensuite mieux y échapper, en sortir et tomber dans celle du regardant, dans sa réalité.